Congo-Brazzaville : la Bouenza, un département en pleine croissance

| 06 octobre 2016 à 19h20  | Par  Muriel Devey Malu-Malu   pour Jeune Afrique

La Bouenza est une rivière de la République du Congo, affluent important du fleuve niari. Elle se jette dans celui-ci à Kimpombo en amont de Madingou. La rivière donne son nom à la région de la Bouenza. Près de Mouyondzi se trouve le barrage de Moukoukoulou sur les chutes de la Bouenza. Ce barrage de 74 MW est l’un des principaux barrages hydroélectriques du pays.

Territoire de transit entre Brazzaville et Pointe-Noire, avec ses PME et ses groupes industriels actifs dans l’agroalimentaire, les matériaux ou encore les mines, ce département mérite qu’on s’y arrête. 

Dernier département du Congo à bénéficier du programme de « municipalisation accélérée » engagé en 2004, la Bouenza est en chantier. C’est l’un des plus petits, des plus densément peuplés, mais aussi des plus urbanisés du pays. Et celui dont l’économie se diversifie le plus rapidement.

Une région de transit au sol fertile

Située dans le sud du Congo et adossée à la RD Congo, laen  Bouenza occupe une position stratégique, à mi-chemin entre Brazzaville et Pointe-Noire. Pendant des décennies, le réseau routier étant limité et dégradé, les liaisons entre les deux métropoles passaient par le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui traverse le département d’est en ouest, à l’instar de la route nationale (RN1).

L’achèvement au début de l’année 2016 du dernier tronçon de la RN1, désormais entièrement bitumée, permet au département de confirmer sa vocation en tant que région de transit. Ainsi, en quelques mois seulement, la route a déjà détrôné le rail, notamment pour l’acheminement des denrées agricoles (en particulier le sucre) vers les grands marchés urbains.

La Bouenza est depuis longtemps considérée comme le grenier du Congo. Une particularité qu’expliquent la fertilité de ses sols – en particulier dans la vallée du Niari, dotée de terrains calcaires – mais aussi sa tradition en matière d’agro-industrie et de recherche en agronomie.

« Manioc, arachide, banane fruit, banane plantain, haricot – la spécialité du district de Boko-Songho –, igname, patate douce, gingembre ou encore pois d’Angole : la gamme des cultures est particulièrement étendue ! confirme Jean Ignace Tendelet, directeur général du développement durable au ministère de l’Environnement. À Nkayi et à Bouansa, le maraîchage est très développé. Et nous sommes aussi un département d’arboriculture et d’élevage. »

Propice au développement de l’industrie

Outre l’agriculture familiale, on trouve dans la Bouenza des fermes communautaires et de grandes exploitations modernes, telles la Société agricole et de raffinage industriel du sucre (SARIS) , qui a fait de Nkayi l’un des plus grands centres agro-industriels du pays, la ferme avicole du Domaine agropastoral et industriel de Loukelo (Dapil) ou encore Tolona, dans le district de Loudima. Créée par deux Espagnols et un Français, Tolona (« Nous plantons », en lingala) a obtenu en 2014 une concession de 20 000 ha, dont 1 000 ont déjà été plantés en maïs, pour l’alimentation du bétail, soit un investissement de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros).

Créée en 2013, Eco-Oil Énergie Congo, dont le capital est détenu en partie par la Société africaine de recherche pétrolière et de distribution (SARPD-Oil), a pour sa part repris l’ex-Huilka et la station fruitière de Loudima, avec pour objectif de produire de l’huile d’arachide et des jus de fruits à Kayes, près de Nkayi. Quant à l’entreprise japonaise Japan Metal Industrie, qui a installé depuis 2013 une usine de fer à béton dans le nord de Brazzaville, elle développe dans la région la riziculture et le maraîchage à grande échelle.

Territoire de savanes, la Bouenza n’est pas un grand département forestier. Pourtant, elle abrite la première et la plus grande plantation d’eucalyptus à croissance rapide du pays, dans le district de Loudima. Son exploitation a été attribuée en juin 2016 à FL Groupe, société congolaise à capitaux chinois qui a déjà commencé la collecte de résine de pin (pour la confection de vernis et d’encre) et construit une unité de fabrication de panneaux de particules de bois (agglomérés).

En plus de sa réputation de grenier du pays, la Bouenza peut désormais se prévaloir d’accueillir d’importants projets industriels et miniers, dont l’essor est favorisé par la présence du complexe hydroélectrique de Moukoukoulou, d’une puissance installée de 74 mégawatts, qui alimente ses grands centres urbains. Ainsi, à Mfila, dans le district de Yamba (dans l’est du département), le groupe nigérian Dangote Cement a construit la plus grande cimenterie d’Afrique centrale : un investissement de près de 140 milliards de F CFA.

Mines

À Mfila, le nigérian Dangote a récemment ouvert la plus grande cimenterie d’Afrique centrale.

Elle n’attend plus pour tourner que la construction du nouveau pont sur le Niari – capable de supporter le passage de camions de plus de 25 tonnes – soit achevée. « Nous allons produire 1,5 million de tonnes de clinker par an pour le marché congolais et nous exporterons du ciment vers le Gabon, la RD Congo, le Cabinda [Angola] et la Centrafrique », explique Alok Gaur, le coordinateur du projet. De quoi largement concurrencer la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc, à capitaux majoritairement chinois), qui, en 2003, avait inauguré la première cimenterie du pays à Loutété (à quelques kilomètres plus au sud), dont la capacité de production est de 300 000 t/an.

L’autre grand projet industriel est l’usine de la Société de recherche et d’exploitation minière (Soremi), qui exploite des gisements de polymétaux dans les districts de Mfouati et de Boko-Songho. L’entreprise, dont 60 % du capital est détenu par China National Gold Group Corporation, sortira les premières cathodes de cuivre de son usine de Mfouati avant la fin de 2016. Dans le secteur des mines et carrières, les activités de recherche se multiplient dans le sud du département (gypse, polymétaux, argile), dans le nord (or et diamant) et dans la vallée du Niari (calcaire et pierre).

Le point faible de la Bouenza, ce sont les services. Si la microfinance et le transfert de fonds y sont bien implantés – avec les agences des Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec), de Charden Farell et de Maouéné –, le réseau bancaire reste embryonnaire. Les commerces et autres services modernes y sont rares et, malgré une légère augmentation des capacités ces derniers mois à la faveur du programme de municipalisation accélérée, le parc hôtelier reste modeste. Il devrait cependant s’étoffer grâce à l’essor des activités industrielles, qui attirent dans le département une clientèle d’affaires. Et si le secteur du tourisme se développe, la Bouenza pourrait devenir une étape privilégiée pour les voyageurs, entre Brazzaville et la cité océane de Pointe-Noire.

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